Développement économique

Assises 2022 : L’innovation et la réindustrialisation, créatrices d’emplois et leviers de la transition écologique et du développement économique

Les 5es Assises du développement économique et de l’emploi ont rassemblé 300 acteurs le 17 novembre à l’aéroport d’Orly. Un nouveau beau succès pour ce rendez-vous incontournable, placé cette année sous le signe des transitions et de l’éco-responsabilité.

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Les Assises du développement économique et de l’emploi du Grand-Orly Seine Bièvre sont chaque année l’occasion de réunir les acteurs économiques du territoire. Evénement fédérateur, les Assises sont aussi un événement moteur : elles sont source de rencontres, d’échanges et de réflexion collective autour d’objectifs partagés à l’échelle du territoire.

Pour leur 5e édition, la question de nouveaux modèles de développement économique était à l’ordre du jour. Elle a été développée à travers 3 tables rondes :

  • Le défi de la réindustrialisation et de la transition écologique
  • Le défi de ladaptation et de linnovation
  • Le défi des compétences / nouveaux métiers.

« 3 millions de mètres carrés peuvent être ouverts pour amener de l’industrie sur le territoire. Ce potentiel est considérable. Mais nous avons aussi un taux de chômage élevé, et 31 quartiers en politique de la ville. Les préoccupations environnementales que nous devons porter peuvent apporter une réponse efficace en matière de développement. Il faut continuer à travailler ensemble pour remettre en proximité l’endroit où on produit, l’endroit où on commercialise et l’endroit où on consomme au profit de la création d’emplois et pour répondre aux enjeux environnementaux. Nous avons déjà fait beaucoup depuis 2017. Aujourd’hui, nous devons accélérer le mouvement. »
Michel Leprêtre – Président du Grand-Orly Seine Bièvre
 

La relocalisation est déjà en cours… et à saisir

Le directeur de recherche au Centre d’études stratégiques de la Marine et auteur de la (Re)localisation du monde (CNRS Editions, mai 2021), Cyrille Coutansais, partage ce point de vue :

« La transition écologique passe par l’industrie. Il faut dire aux jeunes générations que la lutte contre le réchauffement climatique va se jouer avant tout dans l’industrie et chez nous. Nous avons, nous, Européens, la mission de travailler au sein de l’industrie sur des solutions décarbonées. »

Le chercheur observe en effet depuis la crise financière de 2008 un mouvement structurel de relocalisation d’industries.

« À notre pays de se saisir de ce mouvement de relocalisation. D’autant que nous avons un atout majeur au niveau national : les câbles sous-marins. Aujourd’hui, la France est le carrefour numérique de l’Union européenne. Cela nous offre un débit numérique incomparable par rapport aux autres pays. C’est un atout à mettre en valeur pour attirer les entreprises. »

Cyrille Coutansais a ensuite listé les 3 nécessités pour attirer les industries relocalisables, sujets des 3 tables rondes de ces Assises :

« Il faut du foncier disponible et autant que possible clé en main, identifier les ressources disponibles en matière d’écologie industrielle - chaleur, déchets, etc., à réemployer, et des formations en adéquation avec les besoins des entreprises qu’on souhaite attirer. »

 

Quel foncier pour réindustrialiser ?

Le constat des obstacles à la réindustrialisation a été partagé par l’ensemble des intervenants, ainsi, Gwenaël Guillemot, universitaire et directeur de l’Institut de la réindustrialisation a déploré le statut de « déshérence » de l’industrie en France et en Europe. Gégard Delmas, président de la CCI du Val-de-Marne s’est cependant montré optimiste quant à l’avenir de l’industrie sur le territoire du Grand-Orly Seine Bièvre précisant ainsi :

« Un territoire industriel, ça ne se décrète pas. Il faut pouvoir attirer une population, une communauté, des entreprises, de la recherche. Ici, vous avez l’aéroport, les lignes de métro 14, bientôt la 15 puis la 18 pour une liaison avec Saclay. Il faut gagner la bataille du temps en étant pro-actif, en accompagnant les petites entreprises et les pépites grâce au foncier. Et il faut travailler en meute.»

La première table ronde des Assises était lancée. Les atouts du Grand-Orly Seine Bièvre, les écosystèmes, la pertinence des filières à développer, ou le besoin d’une meilleure connaissance du tissu industriel francilien ont ensuite été évoqués.

Fatah Aggoune, conseiller du Grand-Orly Seine Bièvre délégué aux activités productives et à l’immobilier d’entreprise, a pour sa part souligné les réflexions et démarches en cours : études sur les formes urbaines dont la verticalité, proximité entre emploi et logement, ou Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi).

« Nous pensons qu’il faut sanctuariser dans notre PLUi les zones de développement économique et les dédier à de l’industrie ou à de l’activité productive. Même si on est très attractif, même si les terrains et loyers sont chers, il faut permettre à ces entreprises de s’installer, peut-être en accompagnant les collectivités par des mécanismes de contribution collective. »

Un Observatoire foncier a également été créé à la demande du Territoire, a précisé Guillaume Lesecq, Chargé d'études appui socio-économique aux territoires au CEREMA :

« L’Observatoire foncier doit permettre aux collectivités et aux entreprises de mieux collaborer. Il a 2 objectifs : répondre aux besoins de court terme des entreprises pour s’implanter ou s’agrandir, et avoir une vision d’ensemble à plus long terme sur les réserves foncières à 10, 20 ou 30 ans. »

Favoriser l’innovation et l’adaptation

Innovation et adaptation était le sujet de la table ronde avec 3 pépites du territoire : Fnac Darty, dont le siège social se trouve à Ivry-sur-Seine, le cluster Eau-Milieux-Sols, à Choisy-le-Roi, et la plateforme Sanofi de Vitry-sur-Seine, positionnée sur les biotechnologies et l’oncologie.

« Sanofi investit plus de 2 milliards par an dans la recherche et développement. Et 250 millions d’euros ont été investis pour le Biolaunch, la plus grande usine de bioproduction en France de Sanofi. Si nous continuons de grandir, d’investir et de focaliser l’oncologie à Vitry-sur-Seine, c’est parce qu’il y a un formidable écosystème : entre autres l’institut Gustave Roussy, l’université de Paris-Saclay, l’école polytechnique, l’INSERM… Nous en avons besoin. » Hervé Rolland, Directeur du site de Vitry-sur-Seine de Sanofi.

Si Laurent Dechesne, directeur du Cluster Eau-Milieux-Sols, a évoqué son travail collaboratif avec Grand-Orly Seine Bièvre et le besoin de collectivités pour faire le lien entre scientifiques et entreprises, Thibault Vigié, directeur adjoint de la stratégie et de la transformation de Fnac Darty a décrit l’adaptation du groupe au défi climatique : verdissement des flottes, baisse des consommations d’énergie mais aussi réparabilité des produits vendus.

Quant à savoir comment le territoire peut soutenir l’innovation et l’adaptation, les réponses ont été similaires du côté de Sanofi et de Fnac Darty : accompagnement au recrutement, attractivité pour attirer et retenir les talents, mais aussi transports et accessibilité, logements, crèches et équipements…

La question du recrutement et des compétences

Michel Leprêtre, président de Grand-Orly Seine Bièvre, a lancé cette dernière table ronde.

« Il y a un taux de chômage qui est l’un des plus élevés de la métropole. Nous avons la responsabilité de nous en occuper, de nous occuper du niveau de formation, et du taux de difficulté d’accès à l’emploi qui est très élevé dans les quartiers populaires. Les entreprises ont besoin de compétences, de formations, de passerelles permanentes entre l’emploi et la formation. Il faut donc créer les conditions pour que les outils se mettent à disposition des populations. »

Et de présenter les démarches mises en œuvre par le Territoire : Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences, Vitrine des emplois, travail avec les entreprises, Réseau des campus…

Catherine Smith, Conseillère départementale de l’Education nationale à la formation tout au long de la vie dans le Val-de-Marne, a pour sa part souligné le rôle que peut jouer l’Education nationale auprès des entreprises et collectivités : actions Découverte des métiers, forums orientation, mise en place de comités locaux écoles-entreprises à Villeneuve-Saint-Georges et Valenton, …

« Ma mission est de développer la formation professionnelle quel que soit l’âge de la personne avec un objectif d’insertion. Nous co-construisons nos actions avec les régions, les fédérations professionnelles, et participons tous à cette demande de montée en compétences en nous adaptant aux territoires et aux habitants. »

Nadia Souak, directrice Formation de l’Institut Français de Formation en Energétique (IFFEN) et Patrick Maillard, président de l’Union départementale Val-de-Marne de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) ont enfin présenté les situations très semblables de leurs filières : d’importants besoins de main d’oeuvre malgré des emplois pérennes et de belles possibilités d’évolution professionnelle, d’autant plus à l’heure des transitions écologique et énergétique. Comment attirer ? Ouvrir les portes, aller vers le public, multiplier les partenaires, améliorer l’image de ces métiers et mieux les faire connaître aux publics jeunes ou en reconversion comme aux prescripteurs, ont exposé les intervenants.

Martine Laquièze, sous-préfète de L’Haÿ-les-Roses, puis Michel Leprêtre ont conclu ces prises de paroles. Tous deux ont mis l’accent sur la nécessité de continuer à travailler sur le foncier. Le président du Grand-Orly Seine Bièvre insistant également sur le besoin de poursuivre le travail commun, avec l’ensemble des acteurs économiques et institutionnels locaux, pour mener à bien les projets de développement du territoire.

Il a de même rappelé les objectifs du Grand-Orly Seine Bièvre : Définir les orientations stratégiques territoriales, accompagner les acteurs économiques et travailler ensemble, et enfin, montrer l’exemple.

De nouveaux signataires du Manifeste pour un territoire industriel et productif

Au terme de ces 5es Assises du développement économique et de l’emploi du Grand-Orly Seine Bièvre, les représentants des entreprises GSE et JMG Partners ont signé le « Manifeste pour un territoire industriel et productif ». Celui-ci compte désormais plus d’une cinquantaine de signataires publics et privés, renforçant d’autant plus l’engagement de tous à travailler pour la réindustrialisation du Territoire.

Un événement en mode écoresponsable

Mobilier et supports de communication éco-conçus et réemployables, éclairage économe en énergie, poubelles de tri, prestataires sélectionnés sur des critères éco-responsables… Grand-Orly Seine Bièvre intensifie son action en faveur de la transition écologique et entendait à l’occasion de ses 5es Assises montrer l’exemple aux 300 acteurs économiques ayant fait le déplacement.

Le village des start-ups et structures de l’ESS

Les acteurs présents ont pu rencontrer les 7 start-ups et structures de l’ESS réunies en village pour présenter leurs activités et solutions novatrices allant dans le sens des transitions vers demain.

Entreprise d’insertion responsable et inclusive, la conciergerie d’Hercule propose des prestations multiservices sur mesure (propreté, rénovation intérieure, collecte de déchets, entretien d’espaces verts …). Conjuguant activité économique et mission sociale, cette structure de l’ESS de Viry-Chatillon permet la création d’emplois de proximité. C’est pour raison que le Grand-Orly Seine Bièvre la soutient au travers de son fonds dédié aux structures d’insertion par l'activité économique.

La Cour Cyclette est un tiers-lieu dédié à l'alimentation en circuit-court (paniers bio, traiteur, cantine, épicerie) et au vélo (vente, réparation, cyclologistique, balade). En 2020, elle a bénéficié du soutien du Territoire à travers l’appel à projets ESS pour la création d'une agence de voyage vélo/pieds à la Miroiterie (Ivry-sur-Seine).

Implantée dans l’hôtel d’entreprises Silver Innov’ à Ivry-sur-Seine (unique pépinière d’entreprise dédiée à la silver économie en France), cette start-up créée des parcours de prévention santé 100 % digitaux.

C’est depuis l’hôtel d’entreprises « La Station » à Viry-Chatilllon que QR Avenue développe son concept de QRPlaques. Installées sous les plaques de rues, elles permettent d’avoir accès à une fiche d’information. Son objectif : permettre la transmission de la mémoire et le développement touristique.

A Vitry-sur-Seine, la ressourcerie du spectacle soutient, depuis 2014, l’accès à tous à la culture et la création artistique sur le territoire en proposant des solutions basées sur l’économie circulaire et le réemploi.

En 2018, cette association a bénéficié du soutien du Territoire à travers l’appel à projets ESS pour la création du tiers-lieu le CRAPO : un centre de réemploi partagé entre acteurs de l’économie sociale, solidaire et circulaire.

Sud Paris Soleil est un projet citoyen, porté par des habitants de Cachan et d’Arcueil, qui vise à contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique par des actions concrètes, collectives et locales. Le projet phare est une coopérative solaire citoyenne (sous la forme d’une SCIC - société coopérative d’intérêt collectif) qui produit une électricité renouvelable, à l’aide de panneaux photovoltaïques installés sur des toits de la banlieue Sud de Paris.

En mai 2020, plus de 600 m² de panneaux solaires ont été installés sur le toit de l’école La Plaine, à Cachan. Ce projet a été réalisé dans le cadre du Contrat de Transition Ecologique (CTE) du Grand-Orly Seine Bièvre.

Implantée à l’hôtel d’entreprises La Fabrique à Cachan, Memories est une solution innovante qui permet de mixer des vidéos promotionnelles d’une marque avec les contenus mobiles de visiteurs (selfies, photos, vidéos) pour générer instantanément des souvenirs vidéo, à partager sur les réseaux sociaux. Toutes les vidéos des Assises 2022 ont été réalisées par cette start-up.