Feng Yang

Développement Economique, La fabrique

Feng Yang, portrait d'entrepreneur

Fondateur d'Invisensing.io, entreprise hébergée depuis novembre 2019 à La Fabrique, Feng Yang a accepté de se prêter au jeu du « portrait ». Rencontre avec un homme au parcours riche d’expériences, qui, tout au long de cet entretien, nous livre quelques-uns de ses secrets d'entrepreneur.

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Qui es-tu ?

Je m'appelle Feng Yang et je suis physicien et ingénieur de formation. Diplômé de l'école polytechnique, j'ai, après mon cursus d'ingénieur, poursuivi mes études par une thèse dans le domaine de la physique de la supraconductivité. Cette thèse expérimentale m'a permis de travailler sur des expériences à températures très basses et l’imagerie magnétique,  en résumé « instrumentation et capteurs ». J'ai ensuite intégré la CGG – Compagnie Générale de Géophysique – pour travailler sur la partie « traitement de données sismiques. Le projet que je porte avec Invisensing, c'est le mariage de ces deux expériences : les capteurs et le traitement de données.

C'est quoi ta startup ?

 Invisensing cherche à transformer la fibre optique, comme porteuse de milliers et milliers de capteurs pour relever des informations dans l'environnement comme la température, la pression, la vibration, etc. Ces relevés permettent ensuite de déclencher d'autres processus de contrôle. Nous travaillons sur ces trois volets pour rendre notre produit simple à utiliser : la partie « capteurs et acquisition de données dans l'environnement », la partie « analyse de données » et la partie « actions de contrôle ».

 Pourquoi ce nom, Invisensing ? 

 « Sensing », en anglais, c'est la mesure et la détection ... c'est « sentir les choses ». Donc la pression, la température, la vibration, voire même l'odeur. On considère que la mesure est importante. Et « invi » cela signifie « invisible ». C'est la partie de l'information que nous n'avions pas relevée, mesurée, analysée avant. Invisensing veut dire « voir les invisibles ».

A qui s’adresse ta startup ? 

Aujourd'hui, la fibre optique utilisée en tant que capteurs répartis, permet de récolter des informations sur de très longues distances. On peut ainsi mesurer les choses de façon continue jusqu'à 50, voire 100 kilomètres. La fibre peut également être utile dans d'autres cas, notamment dans des zones difficilement accessibles par les autres capteurs, comme les puits de forage ou les puits de production pétrolière.

Aujourd'hui nos clients sont des opérateurs pétroliers, des gestionnaires de pipeline, des opérateurs en zones minières... nous intervenons également sur des chantiers, où il faut surveiller un site ou connaître, par exemple, le poids de chaque véhicule passant à un endroit précis.

Quelle nouveauté apporte cette technologie ?

Souvent, les capteurs sont placés au fond des puits pour relever les informations de pression des puits de pétrole. Mais ces capteurs ne sont pas durables dans le temps, ils subissent les aléas de la pression, de la très haute température ou des vibrations. Cet environnement hostile ne garantit pas une longévité suffisante pour les capteurs. Et puis, vu leur emplacement, une fois hors d’usage, les capteurs sont difficilement réparables. Il coûte aussi cher de les remplacer que de les réparer. De ce fait, les données sont souvent manquantes. La fibre optique a un double avantage : elle est robuste et permet la transmission et la mesure de données avec une seule et même installation. La mesure est également répartie tout au long de l’installation et non plus uniquement au fond d’un puit.

Ta plus grande fierté en tant qu’entrepreneur ? 

Avoir fait ce que j’ai dit. Beaucoup de personnes ont des idées mais ne franchissent jamais le cap de la concrétisation. Cela reste de l’ordre du rêve, de l’idée. Et finalement cela n’est pas tangible, mesurable.

Ta plus grosse galère depuis que tu es entrepreneur ? 

C'est la gestion du temps, des priorités. Au début, on n’a rien : manque de financements, manque de preuves techniques, manque de personnel pour avancer et il faut résoudre toutes ces problématiques en même temps. C'est un cercle, une somme de questions qui tournent sur elles-mêmes. Finalement, c'est un peu « Qui de l'œuf ou de la poule... » (rires)

 Et ensuite, la bonne exécution, c'est essentiel. Pour que le projet avance à son rythme il faut construire, brique par brique.

Quelles sont les qualités que tu recherches chez un collaborateur ? 

Il n’y pas de réponse unique, c’est fonction des entreprises, il y a de nombreux critères. Mais, de mon point de vue… (un temps) j’ai créé cette entreprise pour porter un projet qui ne peut être exécuté par une seule personne. Mais on travaille d’abord pour soi-même. Je demande à mes collaborateurs d’aimer leur travail. De faire le métier qu’ils ont envie de faire et qu’ils aiment.

Ce qui te fait te lever le matin ? 

« Je n’abandonnerai jamais » (rires). C’est la volonté de faire ce que j’ai envie de faire, de faire ce que j’ai annoncé.

Les entrepreneurs qui t’inspirent ? 

Il y en a beaucoup. Il y a de grands noms. Mais ce ne serait pas très juste de se comparer à eux, nous sommes tout petits pour le moment (rires). Mais il y a Elon Musk, Steve Jobs et beaucoup d’entrepreneurs chinois : MA Yun (Alibaba) pour son imagination, REN Zhengfei (Huawei) pour sa persévérance, CAO Dewang (Fuyao) pour sa transparence, LEI Jun (Xiaomi) pour sa sincérité, etc.

La leçon avec Elon Musk c’est de ne jamais abandonner et être sérieux. L’analyse est essentielle également. Si l’on rencontre un problème, on va l’analyser complètement, avec sérieux. On va aller au fond des choses pour résoudre ce problème. C’est le sérieux et la discipline d’Elon Musk qui m’inspirent.

Que trouves-tu à La Fabrique que tu ne trouverais pas ailleurs ? 

Ici, ce qui est pratique, c’est que tout est sur place. Tous les services nécessaires pour le fonctionnement d’une entreprise sont présents. Quand on a commencé, nous avons pu bénéficier de séminaires, d’ateliers pour nous accompagner sur tous les aspects : social, économique… Et les bureaux individuels sont un vrai trésor !

Verrais-tu des services complémentaires à développer à La Fabrique ? 

Je connais d’autres incubateurs et, en comparaison de La Fabrique, il y a plus d’interactions entre les entreprises. C’est ce qu’il peut manquer ici, le manque de discussion entre hébergés. Mais je pense avoir compris pourquoi : une partie des entreprises sont là depuis quelques années. Toutes n’entrent pas à La Fabrique à la même date. Les besoins ne sont donc pas les mêmes, tout le monde n’est pas au même stade de son développement.

Les prochaines étapes du développement de ton entreprise ? 

C’est sortir de notre bureau pour aller voir les clients et faire tester notre produit pour recueillir leurs avis.