Illustration télétravail

Développement économique, La Fabrique

Télétravail : comment se sont adaptées les entreprises de La Fabrique ?

« Télétravail ». Probablement l’un des mots les plus utilisés (avec « confinement », « gestes barrière » ou « masques »…) depuis le mois de mars. A La Fabrique, comme ailleurs, les entreprises ont dû s’adapter. Comment l’ont-t-elles fait ? Et pour celles qui le pratiquaient déjà, de façon plus ou moins régulière, qu'a pu apporter cette période particulière ? Éléments de réponse !

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Le premier confinement a introduit massivement le télétravail en France, de façon contrainte et soudaine. S’il était déjà utilisé dans certaines organisations, et qu’il a été accepté comme une solution efficace dans le contexte inédit du confinement, bon nombre d’entreprises ont réalisé au printemps les challenges que le télétravail pouvait représenter pour toute organisation. En France, de manière générale, les entreprises tirent un bilan mitigé du recours au télétravail « forcé » : s’il permet de répondre aux attentes des salariés et d’ajouter de la flexibilité dans l’organisation, il implique également une modification pour le management, la communication et la gestion de l’activité. 

Chez Cultures en Ville, société de développement de l’agriculture urbaine, créée en 2015 et hébergée à La Fabrique depuis 2016, entre 10 et 15 personnes œuvrent pour reconnecter les urbains à leur alimentation, à réconcilier le monde rural et le monde urbain. Ils créent ainsi des écosystèmes potagers complets essentiellement sur les délaissés urbains : toits ou terrasses en majorité. Quand arrive, en mars, le premier confinement, l’équipe a bien entendu suivi les directives gouvernementales et a mis en place le télétravail généralisé pour l’ensemble de l’équipe. « Les animations, la partie bureau d’étude, une part de nos travaux en lien avec des entreprises du BTP… tout ou presque s’est arrêté. Nous avons simplement réussi à négocier, avec la Mairie de Paris, la poursuite de l’aménagement de La Ferme Suzanne durant cette période. De fait, certains collaborateurs ont alors été placés en chômage partiel » témoigne Clément Lebellée, directeur du développement et co-fondateur de l’entreprise. Ce dernier avoue alors qu’il n’est resté que 10 jours chez lui avant de réinstaller son bureau à La Fabrique. « Je n’aime pas travailler depuis chez moi, tout simplement. J’étais le seul à venir ici. Les salariés sont, pour nombre d’entre eux, partis se confiner et télétravailler à la campagne ». 

Quand a sonné l’heure du déconfinement, les trois dirigeants ont pris les mesures recommandées par les autorités sanitaires : mise à disposition de masques, de gel hydroalcoolique, de virucides. « Mais on a également généralisé le télétravail. La majeure partie de l’équipe est toujours en télétravail et cette organisation semble vraiment convenir à tout le monde. Cela évite aux salarié-e-s de prendre les transports, certain.e.s continuent d’ailleurs de travailler à la campagne, avec de meilleures conditions, notamment en terme d’espace… ».   

Clément, lui, est toujours là quotidiennement, tout comme Matthieu, l’un des derniers collaborateurs arrivés. « Il habite tout près de La Fabrique et l’on a besoin d’échanger tout au long de la journée. » Le lundi est depuis devenu le jour de présence de toute l’équipe (ou presque). L’occasion d’une réunion d’équipe « pour échanger sur les problématiques de la semaine passée, les dossiers en cours ». 

En terme de management, la mise en place du télétravail n’a pas changé les habitudes. Clément, Julien et Antoine ont toujours mis en avant l’autonomie de leurs collaborateurs.trices. « Nous avons confiance à 100%. Notre fonctionnement est horizontal, chacun gère son planning, l’avancée de ses dossiers… ».  

 Le télétravail chez Cultures en Ville était quelque chose d’exceptionnel avant le mois de mars. « Pas qu’on ne voulait pas, c’est que nous n’y avions pas pensé » sourit Clément. « Nous avons gardé, depuis le déconfinement, cette organisation. Et nous comptons la garder, Coronavirus ou pas car c’est très avantageux : les salarié.e.s sont totalement satisfait.e.s, cela libère de l’espace au bureau et nous permet de ne pas louer d’espaces supplémentaires. Tout le monde est gagnant ! ».  

Chez DeeWee, Ruoyun Liu et Aodren Bary proposent des solutions digitales au service du commerce local. Arrivés en novembre 2019 à La Fabrique, ils n’auront pas profité longtemps de leurs bureaux. « Dès le début du confinement, nous sommes passés en télétravail. Nous ne sommes revenus que quelques semaines en septembre… avant que l’on soit reconfinés. Depuis, nous télétravaillons et allons le rester jusqu’en janvier. Nous espérons pouvoir revenir ici, à La Fabrique, début 2021. Pas que le télétravail ne soit pas possible pour nous mais plutôt parce que nous accueillons un stagiaire et un apprenti et, pour eux, le télétravail n’est clairement pas l’idéal. Ils ont – et c’est normal – besoin d’accompagnement, et la distance ne permet pas cela de la même façon que le présentiel. Pour conserver le lien, nous utilisons les outils numériques : tous les jours, nous commençons par une réunion sur Teams. Nous faisons un résumé du travail de la veille et abordons les points du jour. Encore une fois, le télétravail n’est pas un obstacle pour Aodren et moi. Mais pour les jeunes, cela est parfois plus compliqué. Il leur est par exemple difficile de faire la distinction entre les moments de vie privée et de vie professionnelle ».  

Un stagiaire, Stéphane Blondeau en a justement accueilli un début mars, quelques jours avant le confinement. Le fondateur de Ionosys – qui œuvre dans le domaine de la biométrie augmentée et a créé le bracelet Ionokey™ qui contrôle et garantit en continu l’identité de la personne qui le porte – a rapidement réagi : « dans les jours qui ont suivi l’annonce, j’ai fait en sorte d’équiper avec du matériel informatique et les logiciels adéquats le stagiaire. J’ai acheté un ordinateur et il a pu retourner dans sa famille pour télétravailler. Son stage de 6 mois s’est donc fait, en totalité – hormis les tout premiers et les tout derniers jours – en distanciel. Le numérique permet de conserver un lien permanent. Nous avions instauré un principe tout simple, avec un point quotidien à 11h. Cette régularité nous a permis d’avoir un temps commun, là où le télétravail assouplit les organisations ». 

De son côté, Stéphane a dû rapatrier chez lui tout le matériel électronique. La partie la moins évidente de ce confinement ! « Installer chez soi un laboratoire d’électronique, ce n’est pas l’idéal. Surtout quand on a peu de place pour cela » sourit Stéphane, qui a, depuis, réinstallé son labo à La Fabrique. « J’y viens lorsque j’en ai besoin ». 

A l’opposé de ces exemples, il y a LinkedNutri. Startup du domaine de la e-santé, l’entreprise développe et commercialise une solution personnalisée et connectée de micronutrition liquide. La société emploie plus d’une quinzaine de personnes et n’a pas attendu la crise sanitaire pour développer le télétravail. « Quasiment toute l’équipe pratique déjà le télétravail. Et ce, depuis longtemps », comme en témoigne Élodie Viellet, ingénieure R&D et gestionnaire QHSE (Qualité, Hygiène, Sécurité et Environnement). « Alors, quand est arrivé le premier confinement, il n’y a pas eu de difficulté particulière pour l’équipe. Celles et ceux dont les postes ne sont pas télétravaillables ont continué de venir à La Fabrique. Nous avons pour cela mis en place un planning, avec des rotations, afin d’éviter les croisements. Le reste de l’équipe s’est donc mis à 100% en télétravail. Pour maintenir la cohésion d’équipe, mais aussi pour nous aider mutuellement à traverser cette crise, nous avons maintenu le rythme d’une réunion collective par semaine ».  Le déconfinement a coïncidé avec le moment où LinkedNutri prenait possession de nouveaux bureaux au sein de La Fabrique, « des bureaux plus grands, ce qui a facilité la tâche pour répartir les collaborateurs et travailler sur un planning de roulement. » Au final, le réel changement pour les employés de LinkedNutri, se situe au niveau des pauses ! « Nous ne déjeunons plus tous ensemble… » déplore Élodie.

La sortie du premier confinement avait été l’occasion pour les entreprises de partager leurs expériences en matière de télétravail. Avec une idée sous-jacente : le télétravail va-t-il perdurer dans l’entreprise ? Le deuxième confinement a remis au goût du jour les habitudes du premier et le télétravail est devenu pour beaucoup de collaborateurs, « une norme ». Ces épisodes successifs ont transformé les entreprises et remis au goût du jour des outils collaboratifs parfois négligés. Reste à savoir si 2021 sera l’année de la consécration du télétravail ou si la pandémie endiguée, le monde d’avant reviendra comme si rien ne s’était passé…